Vous trouverez ci-dessous une étude simplifiée sur le Silure, celle-ci a été réalisée par Hervé GILLET le Trésorier de L'Union des Pêcheurs
Etude sur le Silure (Synthèse), celle-ci a été réalisée par Hervé G...de L'Union des Pêcheurs de Rennes
La présence du Silure glane dans certains cours d’eau et plans d’eau bretons soulève de nombreuses questions sur sa répartition, son abondance dans les grands cours d’eau, son impact sur les autres espèces piscicoles, en particuliers sur les poissons migrateurs. Afin d’apporter des premières réponses à ces questionnements, cette étude a été conçue autour de trois axes principaux :
Améliorer la connaissance sur l’espèce.
Etablir un premier état de la colonisation des milieux aquatiques de la région.
Proposer des protocoles de suivis de l’espèce sur la Vilaine et le Blavet.
A l’occasion de l’assemblée générale de l’Union des Pêcheurs de Rennes qui s’est tenue le 03 février 18, un résumé de l’étude a été présenté. Le texte, scindé en deux volets, qui a servi de support de présentation, figure dans la suite de ce document.
VOLET 1
SYNTHESE DES CONNAISSANCES SUR LE SILURE GLANE.
La famille des Siluridae comprend 12 genres et une centaine d’espèces dont deux seulement sont présentes en Europe : le Silure glane et le silure grec. Les autres espèces sont surtout implantées en Asie. Le silure glane est le plus grand poisson de la faune piscicole européenne (taille maximale enregistrée 5 mètres pour 330 kg).En France, son introduction dans les milieux est signalée à partir de 1857 dans le bassin du Doubs. Aujourd’hui, il est présent dans les grands fleuves français et leurs affluents. En Bretagne, il aurait été signalé pour la première fois dans les années 2000.
L’espèce est sujette à différents statuts selon les pays : dans certains, il est protégé et dans d’autres considéré comme nuisible. Il est classé parmi les espèces à préoccupation mineure sur la liste rouge européenne et mondiale de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature. Il est inscrit sur l’annexe III de la convention de Berne. En France, Il est seulement interdit de l’introduire dans les eaux de première catégorie sans autorisation préfectorale.
MORPHOLOGIE ET ANATOMIE
La tête arrondie et plate avec un museau aplati et une gueule large représente en moyenne 20% du poids total du corps. Elle comporte deux petits yeux qui lui confèrent une vision limitée. Les dents petites et tranchantes sont disposées en lignes orientées vers l’intérieur de la gueule. Six barbillons sont implantés sur la tête, 4 courts sur la mâchoire inférieure et deux très longs mobiles sur la mâchoire supérieure. La position prise par ces deux grands barbillons renseigne sur le niveau d’activité du poisson: perpendiculaires au corps, ils indiquent une position d’attente ou de sommeil, positionnés vers l’avant ils révèlent au contraire une attitude de recherche de nourriture ou d’intimidation, placés sur les côtés ils marquent un état de soumission. Le silure possède sur tout son corps de très nombreux récepteurs olfactifs/chimiques qui lui assurent une détection acoustique développée qui compense sa faible acuité visuelle
CROISSANCE ET REPRODUCTION
La maturité sexuelle est atteinte entre 3 et 5 ans. Les mâles sont généralement matures avant les femelles La reproduction annuelle a lieu quand la température de l’eau est supérieure à 20° pendant au moins 2 mois. Les frayères se situent dans des zones de hauts fonds à proximité des rives arborées qui offrent des abris aux parents et à leur progéniture. Environ 20000 œufs sont pondus par kg de femelle. L’incubation des œufs dure 2 à 3 jours. Les larves sont très sensibles au soleil et meurent si la température de l’eau devient inférieure à 13-14°C. Cinq jours après sa naissance, la larve qui a épuisé son sac vitellin, nage librement .La croissance du silure est importante au cours des 6 premières années de sa vie. Une croissance de 13cm/an est souvent observée chez les individus mesurant moins d’un mètre, elle diminue chez les sujets dépassant 1,5 m pour passer à 8cm/an.
ECOLOGIE GENERALE DE L’ESPECE
La longévité des silures varie de 15 à 30 ans (22 ans pour les mâles, 16 pour les femelles) mais peut atteindre dans certaines situations 40 ans .Le silure possède une très grande résistance au manque d’oxygène lui permettant de survivre dans une eau faiblement oxygénée (2 mg /l). C’est une espèce qui peut supporter des variations importantes de salinité de l’eau. Il affectionne le secteur aval des cours d’eau caractérisé par des eaux calmes et profondes (zones à brèmes)
La température de l’eau régule plusieurs processus métaboliques tels que l’assimilation de la nourriture, la digestion. Le silure ne peut pas digérer si la température de l’eau est inférieure à 10°C. A partir de 15°C, la prise de nourriture devient active, entre 25 et 28°C, la croissance et le gain de poids sont optimum.
En sortie d’hiver quand la température de l’eau avoisine les 8°C, on assiste au déclenchement de comportements migratoires sur des courtes distances vers l’amont. Puis au printemps, au moment des migrations de fraie, les distances parcourues (toujours vers l’amont des cours d’eau) peuvent atteindre plusieurs km.
Avec un spectre alimentaire large, le silure est une espèce opportuniste dont la ration alimentaire représente l’éventail des espèces les plus présentes dans son habitat. Il ingère principalement des cyprinidés et parfois des poissons migrateurs. Le régime alimentaire de l’adulte se compose de plus de 47 espèces de poissons mais également d’amphibiens, de crustacés, d’insectes, d’oiseaux, de rongeurs ainsi que de déchets humains. Le cannibalisme apparaît lorsque la ressource trophique diminue. Ce sont les grands silures (1,70m) qui consomment ceux n’ayant pas atteint une taille suffisante. Le cannibalisme intervient toute l’année mais semble plus fréquent en été lors de la reproduction et parfois en hiver au moment des regroupements. Le cannibalisme n’est pas observé systématiquement dans tous les cours d ‘eau.
Le brochet, le sandre et la loutre sont les seuls prédateurs connus des jeunes silures. A partir d’une certaine taille, le silure n’a plus de prédateurs hormis l’homme. D’autres facteurs tels que la pollution de l’eau par les métaux lourds, les pesticides, la rectification, le curage des rivières de plaine, la destruction de ses habitats préférentiels représentent des risques d’atteinte aux populations de silure. Par ailleurs, comme tout être vivant, il est l’hôte de divers parasites et maladies rencontrés chez les autres poissons d’eau douce. Il figure sur la liste des hôtes sensibles à la virémie printanière de la carpe. Cependant, à ce jour aucune maladie spécifique à l’espèce n’a été identifiée comme susceptible de représenter une menace pour les autres poissons.
IMPACT SUR LES AUTRES ESPECES DE POISSONS
Diverses études se sont intéressées à la possible compétition trophique entre le silure, le brochet et le sandre et à l’impact du silure sur les populations piscicoles françaises .Bien que le brochet et le silure occupent une niche trophique très proche, l’arrivée du silure ne semble pas occasionner de dysfonctionnement au sein d’un écosystème à condition que ce dernier possède une ressource et une production suffisante en espèces fourrage. Sandre et silure n’exploitent pas les mêmes catégories de proies, celles du sandre étant plus petites que celles du silure. Une étude de l’ONEMA portant sur plus de 10000 stations échantillonnées sur toute la France ne démontre pas un impact du silure sur la biomasse, la densité, la richesse spécifique et l’équilibre des peuplements piscicoles (hors migrateurs) dans lesquels il est établi. De plus les stations occupées par le silure présentent en moyenne une richesse spécifique supérieure à celles sans silure. Ces résultats suggèrent que l’espèce n’aurait pas d’impact majeur global et systématique sur les densités et biomasse de poissons ni sur la structure des populations et sur les peuplements de poissons de rivières (anguille comprise). Comme on le verra dans le paragraphe de conclusion, ce constat n’est pas partagé par l’ensemble de la communauté scientifique notamment vis-à-vis des espèces migratrices. Ces dernières en effet dans certaines situations contribuent au régime alimentaire du silure et leur part dans ce dernier augmente avec la taille des sujets. La consommation de ces espèces apparaît au moment des pics migratoires et particulièrement quand des obstacles (barrages) dans les cours d’eau bloquent ou ralentissent leur migration. Les fortes concentrations de poissons rencontrées dans de telles situations favoriseraient la prédation des silures.
INTERET HALIEUTIQUE ET ECONOMIQUE DU SILURE
Bien qu’il soit sujet à de nombreuses controverses, le silure représente pour les pêcheurs aux engins et pour les amateurs, un poisson de capture qui génère des revenus directs ou indirects non négligeables. Entre 1999 et 2002, 56 tonnes de silures auraient été capturés par ces deux catégories de pêcheurs (source SNPE). Le silure est également un poisson d’élevage, son aquaculture s’est développée en Europe dans les années 2000 principalement en Pologne (700 tonnes produites en 2007). La France est le deuxième producteur Européen avec 200 tonnes.
CONCLUSION SUR LA SYNTHESE DES CONNAISSANCES ACQUISES SUR LE SILURE
La bibliographie sur l’écologie générale de l’espèce apparaît complète et ne présente pas de points de divergences scientifiques concernant le comportement, la reproduction. A l’inverse les aspects quantitatifs du régime alimentaire font l’objet de divergences d’opinions chez les scientifiques, certains considérant que l’impact du silure sur les dynamiques de peuplements piscicoles n’est à ce jour toujours pas sérieusement documenté. Ils basent leurs conclusions sur les résultats d’une dizaine d’études menées sur les grands fleuves français. Ils font ressortir qu’il est difficile d’évaluer les densités de silure sur ces grands cours d’eau et par conséquent d’estimer une pression de prédation sur les autres espèces piscicoles (migrateurs compris).
Actuellement en France, les peuplements de silure ne font pas l’objet de mesures de gestion sauf sur la Garonne où un protocole de piégeage a été mis en place au niveau du barrage de Golfech dans le but de limiter l’impact par effarouchement sur les aloses et saumons pendant leurs phases de migrations.
VOLET 2
ETAT DE LA COLONISATION DES MILIEUX AQUATIQUES DE LA REGION PAR LE SILURE GLANE.
RECUEIL DES DONNEES.
Pour récolter un maximum de données sur la présence du silure en Bretagne en vue d’établir une cartographie sur sa répartition dans la région, plusieurs protocoles de recueil d’informations ont été mis en place au -près de différents acteurs : pêcheurs amateurs, professionnels, guides de pêche, pêcheurs référents, scientifiques.
DONNEES SCIENTIFIQUES : Les seules données publiées sur la présence du silure en Bretagne sont celles des pêches électriques réalisées par l’Agence Française de Biodiversité (ex ONEMA). Trois stations, toutes localisées sur la Vilaine révèlent la présence du silure. La première station où la présence du silure a été observée est celle de Langon (2001), la seconde celle de Guichen (2009), la troisième de Cesson (2011).
ENQUETE BRETAGNE FDAAPPMA ET BRETAGNE GRANDS MIGRATEURS : Un questionnaire permettant aux pêcheurs de déclarer et renseigner leurs premières captures de silures et ou de signaler différents sites de pêche a été mis à leur disposition sur les sites internet des FDAAPPMA bretonnes. 105 pêcheurs ont rempli le questionnaire et permis de localiser 266 sites de pêche différents, la plupart localisés sur la Vilaine.
ENQUETE AAPPMA : Un questionnaire spécifique a été transmis aux AAPPMA des départements bretons. Le questionnaire visait l’obtention de données de signalement de présence du silure sur leur territoire d’influence et des différents sites de pêche concernés. Au total 7 AAPPMA (3en 56, 4 en 35) ont répondu à l’enquête. Cela a permis de préciser quelques dates d’introduction du silure notamment dans certains plans d’eau (étang de Carcraon, lac de Trémelin).
ECHANGE AVEC LE GROUPE D’EXPERTS : Le groupe composé de guides de pêche, d’experts de l’Agence Française de Biodiversité, des FDAAPPMA, de pêcheurs référents ont transmis également des sites de captures non référencés par les questionnaires précédents. Ils ont complété les informations de certains sites dans lesquels la présence du silure était suspectée.
RESULTATS SUR LA COLONISATION DES COURS D’EAU BRETONS PAR LE SILURE.
Avec le concours du groupe d’experts, l’ensemble des données recueillies a permis d’établir la toute première carte de répartition du silure dans les cours d’eau bretons. La carte présentée ci-dessous prend en compte les règles d’extrapolation adoptées par ce groupe pour faciliter la lecture de la carte. Pour les cours d’eau le groupe a convenu d’extrapoler la présence du silure vers l’aval lorsque l’amont était colonisé ainsi que sur les principaux affluents de la Vilaine jusqu’aux premiers obstacles. Lorsqu’il n’y avait pas de données à l’aval des plans d’eau, l’extrapolation n’a pas été réalisée.
CONCLUSION SUR LA REPARTITION DU SILURE EN BRETAGNE
Les sources de données qui ont servi à l’élaboration de cette première carte d’aire de répartition du silure peuvent être considérées comme fiables. L’ouest de la Bretagne ne semble pas encore colonisé par l’espèce alors que dans l’est de la région, le silure est présent dans les grands cours d’eau ( Vilaine, Oust, Seiche, ISAC) et dans quelques plans d’eau (lac au Duc, étang du Boulet). Sa présence est également suspectée dans le Couesnon et le Semnon.